Déclaration pour des ondes radiophoniques saines: Quatre-vingt-trois groupes sociaux en ont assez de la radio-poubelle

 

Québec, le 17 septembre 2015. La Coalition pour la justice sociale rend publique une déclaration commune pour dénoncer les propos entendus dans plusieurs stations de radios. Les quatre-vingt-trois groupes signataires souhaitent affirmer publiquement leur désapprobation de ce genre de pratiques radiophoniques et revendiquer des ondes radiophoniques saines. Ils souhaitent conscientiser la population et les élu-e-s sur les impacts négatifs qu’ont ces discours sur la population et sur le climat social.

Depuis maintenant plusieurs années, le phénomène qu’il est convenu d’appeler les «radios-poubelles»  se développe dans différentes régions du Québec. Ce type de radio se caractérise par un contenu agressif et racoleur, très souvent discriminatoire et diffamatoire envers certains groupes sociaux ou personnalités publiques associées à ces groupes. Plusieurs tiennent à dénoncer aujourd’hui les impacts sur leur travail et sur les personnes qu’ils et elles côtoient.

Pour Jean Cloutier, président du Conseil régional de la Capitale-nationale de l’Alliance pour la fonction publique du Canada les impacts négatifs sont clairs pour son syndicat : « Ces radios-poubelles font miroiter aux gens non syndiqués que les gens syndiqués sont des enfants gâtés avec leurs belles conventions collectives, alors que ce sont eux qui n’ont pas grand chose et qui devraient revendiquer des améliorations de leurs conditions de travail. »

Le phénomène a pris une telle ampleur que l’on peut sentir l’impact, notamment, de la multiplication de comportements violents que subissent au quotidien les personnes et les groupes visés par les propos des animateurs de radio-poubelles. Pour Marielle Bouchard et Denyse Thériault du Front commun des personnes assistées sociales du Québec, les attaques ne cessent de faire partie de leur quotidien : « Les radios-poubelles disent un paquet de préjugés sur les personnes assistées sociales et ça provoque l’isolement chez les personnes. À les écouter, les personnes assistées sociales ne payent rien, alors qu’elles payent des taxes sur une grande proportion de leur budget. Les idées fausses et la haine ainsi diffusées à chaque jour sur les ondes de certaines radios ont des conséquences dommageables majeures sur le quotidien des personnes à l’aide sociale et sur notre société. »

Élisabeth Germain, de la Fédération des femmes du Québec ajoute : « Ces radios tiennent également des propos sexistes, discriminatoires et méprisants envers les femmes. Régulièrement, on nous tient un discours rétrograde et dépassé sur le retour des femmes à la maison ou les femmes au volant. Pire, on va même jusqu’à banaliser la violence faite aux femmes en faussant la réalité et en disant qu’il y autant de violence de la part des femmes envers les hommes. C’est dangereux. »

Pour les groupes signataires de cette déclaration, l’accès aux ondes radiophoniques est un privilège qui confère aux personnes qui l’utilisent un pouvoir et une responsabilité morale. « Nous croyons que les ondes radiophoniques doivent permettent de développer un esprit critique en nous présentant différentes positions sur des sujets d’actualité. Elles doivent aider au développement de débat respectueux sur les sujets qui nous touchent plutôt que d’attiser les conflits sociaux et propager des préjugés » explique Vicky Brazeau du Regroupement des organismes communautaires de la région de Québec. Anne-Valérie Lemieux Breton, du Regroupement en éducation populaire et en action communautaire du Québec et Chaudière-Appalaches ajoute : « La déclaration n’est pas un appel à la censure, mais une démarche de conscientisation de la population et des élu-e-s aux problèmes engendrés par la multiplication de ce type de pratiques radiophoniques. »

La démarche se poursuit

La Coalition justice sociale lance aujourd’hui une déclaration en ligne où les personnes pourront signifier leur appui individuel. La population est invitée à appuyer cette déclaration en se rendant à l’adresse suivante : https://goo.gl/sIFyCD

La Coalition pour la justice sociale de Québec-Chaudière-Appalaches s’oppose aux politiques régressives et au démantèlement des services publics et des programmes sociaux. Elle regroupe des syndicats, des organismes communautaires, des associations étudiantes, des groupes de femmes et des groupes populaires de défense de droits.

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