Interventions policières lors de la grève étudiante: Des groupes sociaux de la région de Québec demandent une enquête publique

Québec, le 1er novembre 2012- Trente-sept organisations communautaires, féministes, étudiantes et syndicales de la région de Québec demandent à la première ministre Pauline Marois d’instituer une enquête publique sur les interventions des forces policières lors de la grève étudiante.

Répression policière sans précédent

 Arrestations massives et préventives, brutalité policière, interpellations abusives, conditions de détention inacceptables, la liste peu reluisante des méthodes d’intervention est longue. Bien qu’à Québec, les manifestations étaient beaucoup plus calmes qu’à Montréal, la Section Québec de la Ligue des droits et libertés (LDL-Qc) a reçu de nombreux témoignages troublants de manifestantes et de manifestants de la région. « Des violations au code de déontologie policière, des gestes d’intimidation, du profilage politique et des atteintes au droit de manifester nous ont été rapportés régulièrement lors du printemps érable », dénonce Sébastien Harvey de la LDL-Qc. «Toutes ces allégations ne doivent pas en rester là. Un travail sérieux et impartial doit être fait pour y jeter un éclairage objectif et restaurer la confiance envers les pouvoirs publics », poursuit-il.

« Il ne faut pas minimiser les conséquences de tels abus. Lorsque des personnes se font interpeller par la police parce qu’elles portent le carré rouge ou, pire encore, parce qu’elles ont l’air d’être des carrés rouges, nous sommes clairement face à du profilage politique. La lumière doit être faite sur ces pratiques policières qui systématisent des violations aux droits humains», réclame Yves Fortin du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

Entre le 16 février et le 3 septembre 2012, 3418 arrestations ont été effectuées en vertu de l’article 500.1 du Code la sécurité routière, dont plus de 530 dans la Ville de Québec. « Il est évident que l’objectif de toutes ces contraventions n’était nullement d’assurer la sécurité des automobilistes, mais bien d’intimider les manifestants et les manifestantes, de les pousser à rester à la maison», a déclaré Karina Hasbun du Front régional d’action à Québec de l’ASSÉ (FRAQ-ASSÉ). L’utilisation de cet article pour procéder à des arrestations massives est actuellement contestée devant les tribunaux. « Nous joignons notre voix pour réclamer l’annulation de l’ensemble des contraventions données en vertu de l’article 500.1 », poursuit madame Hasbun.

Impacts sur le climat social

Les abus des forces policières, légitimés par la loi spéciale du gouvernement libéral, ont favorisé l’installation d’un climat de peur. Bien que la loi spéciale ait été abrogée, la répression policière se poursuit. Les modifications apportées au Règlement sur la paix et le bon ordre de la Ville de Québec, adoptées en juin dernier, sont une attaque en règle au droit de manifester. « À chaque événement public et manifestation que l’on organise, on se fait poser les mêmes questions : « Avez-vous donné le trajet ? Est-ce qu’il y a des risques d’arrestations ? » De plus en plus de personnes ont peur de sortir manifester pacifiquement pour défendre leurs droits », s’indigne Anne-Valérie Lemieux Breton du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches.

La demande d’enquête publique sur les interventions des forces policières lors de la grève étudiante, signée par trente-sept organisations syndicales, communautaires, étudiantes et féministes de la région de Québec, sera transmise à la première ministre Pauline Marois. Cette déclaration est une initiative de la Coalition de Québec et Chaudière-Appalaches opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, de la Section Québec de la Ligue des droits et libertés et des Profs de Québec contre la hausse.

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