Québec, le 17 octobre 2017– À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, des centaines de personnes ont manifesté pour dénoncer la dégradation constante des conditions de vie d’un nombre important de nos concitoyennes et concitoyens et le manque de volonté politique pour éliminer la pauvreté et lutter efficacement contre les préjugés.
La pauvreté tue !
C’est sous le thème « la pauvreté nous tue ! » que les manifestantes et manifestants ont marché dans le quartier St-Roch. « Les mots peuvent paraître durs, mais la réalité vécue par des milliers de personnes l’est encore plus. Le gouvernement fait le choix de fermer les yeux. Pourtant, la pauvreté tue! Il est plus que temps que des mesures concrètes soient prises pour l’éradiquer », dénonce Anne-Valérie Lemieux Breton, porte-parole du comité 17 octobre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Entre les quartiers les plus riches et les plus pauvres, on peut observer au Québec jusqu’à onze ans d’écart d’espérance de vie ;
- le taux de mortalité prématuré (décès avant 75 ans) est 50 % plus élevé chez les personnes les plus pauvres que chez les plus riches;
- dans la région de Québec, les naissances prématurées et à faible poids sont respectivement 40 % et 20 % plus fréquents dans les milieux défavorisés que dans les milieux favorisés. [i]
Malgré tout, le gouvernement a choisi de s’attaquer une fois de plus aux plus pauvres de notre société. Au printemps, le programme Objectif emploi entrera en vigueur, menaçant de couper, en cas de manquement à ce programme, jusqu’à 224 $ sur une prestation mensuelle déjà nettement insuffisante de 628$. « En appauvrissant encore plus des gens vivant dans une précarité extrême, le ministre Blais met en péril notre santé physique et mentale. En ayant moins d’argent, la santé écope. La pauvreté nous maintient dans des conditions de vie précaires qui affectent notre santé. Elle tue la dignité, elle nous tue à petit feu », s’insurge Monique Toutant.
Des solutions concrètes pour éradiquer la pauvreté
« Dans une société riche comme la nôtre, il ne suffit que d’un minimum de volonté politique pour assurer une meilleure répartition de la richesse, rappelle Madame Lemieux Breton. Lorsque le gouvernement cessera de faire des cadeaux aux plus riches et aux grandes entreprises, avec de multiples avantages fiscaux, il pourra récupérer l’argent nécessaire pour financer adéquatement nos programmes sociaux, pour rendre nos services publics réellement accessibles, pour s’assurer que toutes et tous aient des revenus permettant de sortir de la pauvreté ».
Le gouvernement doit annoncer prochainement, après plusieurs reports, son troisième plan d’action visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. On peut s’attendre à ce qu’il en profite pour redorer son image. « Nous ne sommes pas dupes ! Nous ne nous laisserons pas berner par les discours préélectoraux. Le dernier plan d’action nous a laissé un goût bien amer. Nous attendons d’un pied ferme ce nouveau plan d’action, et exigeons qu’il contienne des mesures concrètes pour lutter efficacement contre les causes des inégalités », affirme Monique Toutant. Les solutions concrètes ne manquent pourtant pas, que l’on pense à l’augmentation des prestations d’aide sociale, qui actuellement ne permettent de couvrir que la moitié des besoin de base, au retrait du programme Objectif emploi ou à l’augmentation du salaire minimum à 15$/heure.
Le comité 17 octobre est composé du Collectif de luttes et d’actions contre la pauvreté de la région de Québec (CLAP-03) et du Regroupement en éducation populaire et en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches (REPAC 03-12).
[i] Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale – Mémoire des directrices et directeurs régionaux de santé publique – 29 janvier 2016. http://www.cssante.com/sites/www.cssante.com/files/160129_memoire_pauvrete_drsp.pdf