La réforme de l’assurance-emploi : un recul important !

Depuis le début de son mandat, le gouvernement conservateur majoritaire aura mis en péril plusieurs acquis sociaux et environnementaux. En 2012, le gouvernement fédéral a adopté les projets de loi « mammouth » C-38[1] et C-45[2], modifiant ainsi plus de 70 lois fédérales. Plusieurs des changements apportés menacent l’environnement, la démocratie et les conditions de vie de parties importantes de la population. La réforme de l’assurance-emploi, qui se retrouve dans la « Loi sur l’emploi, la croissance et la prospérité durable » en est un exemple frappant.

Une réforme injuste

La réforme de l’assurance-emploi présente d’importants reculs pour les travailleuses et travailleurs, chômeuses et chômeurs qui vivent dans la précarité au quotidien. En modifiant les critères d’admissibilité et en instaurant des catégories de prestataires, le gouvernement fédéral brime la liberté de choisir son emploi, il ouvre la porte à la classification entre bons et mauvais prestataires et il affecte directement les conditions de vies des chômeuses et des chômeurs.

Dorénavant, le temps passé comme prestataire d’assurance-emploi définira le montant à recevoir. Les travailleuses et travailleurs saisonniers verront donc leurs prestations diminuer à cause de la fréquence à laquelle ils et elles ont recours à l’assurance-emploi. En vertu des modifications, les chômeuses et chômeurs pourront être forcés d’accepter des baisses de salaire allant jusqu’à 70% ou encore des emplois qui se trouvent à 100 km de chez eux. Le gouvernement risque ainsi de condamner bon nombre de travailleuses et de travailleurs à quitter leur région, à accepter un emploi mal rémunéré ou à recourir à l’aide sociale.

La population se mobilise

Avec l’entrée en vigueur des nouveaux critères, les exemples confirmant leur absurdité se multiplient. Partout au pays des milliers de personnes se mobilisent et manifestent contre cette réforme qui brime nos droits fondamentaux. Pourtant le gouvernement Harper continue de nier les conséquences désastreuses de sa réforme. Les conservateurs justifient leur initiative en clamant la protection de l’économie canadienne dans un climat d’urgence économique. On y voit plutôt une façon de fournir de la main-d’œuvre à bon marché à l’industrie en forçant des travailleuses et travailleurs à accepter une diminution importante de leur qualité de vie. Ces mêmes personnes qui, en travaillant, remplissent les coffres de l’assurance-emploi.

La pointe de l’iceberg

La réforme de l’assurance-emploi n’est pourtant qu’une petite partie de la « Loi sur l’emploi, la croissance et la prospérité durable ». L’ensemble des transformations apportées auront des répercussions profondes sur de nombreux aspects de notre société et de notre environnement. Le mouvement Idle no more a d’ailleurs mis en lumière plusieurs conséquences alarmantes pour l’ensemble de la population, mais gageons que nous n’en avons pas fini avec les mauvaises surprises.

En parlant de modifications, voici une liste non-exhaustive des changements apportés par la « Loi sur l’emploi, la croissance et la prospérité durable ».

  • Le resserrement de nombreux critères d’immigration
  • L’abolition de l’équité salariale dans les contrats fédéraux
  • Le resserrement des critères d’admissibilité à l’assurance-emploi
  • Le retrait officiel du protocole du Kyoto
  • L’allègement du processus d’évaluation environnementale
  • L’adoucissement de la Loi sur les opérations pétrolières
  • La réduction majeure du nombre de cours d’eau et des espèces protégées
  • La fermeture de l’agence Droits et Démocratie[3]
  • Le report de l’âge d’accessibilité à la Sécurité de la vieillesse à 67 ans[4]
  • L’allègement de la Loi sur les Indiens dans le but de facilité la ventes des terres autochtones.

Pour d’avantage d’information, nous vous invitons à consulter ce document Le saccage de l’assurance-chômage produit par le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) www.lemasse.org.

[1] Le projet de loi C-38 adopté le 18 juin 2012 a été baptisé Loi sur l’emploi, la croissance et la prospérité durable.

[2] Le projet de loi C-45 adopté le 4 décembre 2012 a été baptisé Loi sur l’emploi et la croissance. Il s’agit en fait d’un ajout à la Loi sur l’emploi, la croissance et la prospérité durable. Remarquez que le gouvernement a pris soin de retirer la « prospérité durable » du titre de cette partie de la loi.

[3] Organisme chargé entre autre de défendre et promouvoir les droits humains et la démocratie.

[4] La hausse de l’âge d’admissibilité débutera graduellement à partir de 2023.

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