PL28, plus de pouvoir, moins de transparence

Nous sommes plusieurs groupes communautaires à nous inquiéter de la dérive centralisatrice du gouvernement Legault notamment avec l’adoption imminente du projet de loi 28. Alors que la 6e vague prend fin, que le gouvernement de la CAQ nous dit qu’il « faut vivre avec le virus », il s’apprête aujourd’hui à adopter un projet de loi qui reconduirait certains pouvoirs exceptionnels de l’État d’urgence en vigueur depuis le 13 mars 2020 jusqu’au 31 décembre 2022. Rappelons qu’il est inutile de voter un projet de loi pour lever l’état d’urgence, il suffit d’arrêter de le renouveler. Or, il nous apparaît que cette façon de procéder avantage le gouvernement plus qu’elle ne protège la population.  

En a-t-on vraiment besoin?  

Dans la foulée de la pandémie, le gouvernement de la CAQ a justifié le recours à l’État d’urgence pour acheter du matériel de protection rapidement sans passer par le processus d’appel d’offre, imposer le port du masque et annuler les vacances des travailleur-euses de la santé pour répondre aux besoins de la population touchée par la COVID. Alors que l’ensemble des provinces canadiennes et des villes québécoises ont cessé de renouveler l’état d’urgence sans autre cérémonie, nous sommes plusieurs à nous questionner sur la reconduction des pouvoirs spéciaux par la CAQ via le Projet de loi 28. Celui-ci permettra au gouvernement de négocier des contrats de gré à gré jusqu’en 2027 (quelle coïncidence, juste après les élections!) sans imputabilité, ni transparence. Notre argent, l’argent public, sera donc dépensé sans appel d’offre, sans obligation de choisir le plus bas soumissionnaire… Le projet de loi 28 permet aussi au gouvernement d’outrepasser les conventions dûment négociées avec les travailleurs-euses de la santé et de l’éducation. Il pourrait ainsi annuler des vacances ou imposer du temps supplémentaire, bref passer outre les conditions de travail et bafouer les droits de ces travailleurs-euses à qui on a tant demandé durant les deux dernières années de pandémie! Le gouvernement de la CAQ aura le champ libre, sans débat ni discussion, d’agir à sa guise. 

Grand pouvoir implique grandes responsabilités

Il est prévu par la loi, que lors de la levée de l’État d’urgence, le gouvernement doit déposer un rapport d’événement décrivant ses faits et gestes au plus tard, trois mois après la levée de l’État d’urgence. Or, avec le projet de loi 28, cette reddition de compte sera repoussée jusqu’à janvier prochain, soit après les élections. Ainsi, la population québécoise sera appelée à voter en ignorant les tenants et aboutissants de la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault. Ce sera encore plus long pour ce qui est des contrats octroyés de gré à gré. Le rapport de gestion aura lieu dans 5 ans! Pour un parti qui a mené sa campagne électorale de 2018 sur la transparence en voulant rompre avec les allégations de corruption dans le milieu politique, c’est plus que raté ! 

Ainsi, fort de sa majorité à l’Assemblée, le gouvernement de la CAQ adoptera aujourd’hui, probablement sous bâillon,  son projet de loi sans écouter l’opposition quasi-unanime des juristes, du Barreau du Québec, de la Ligue des droits et Liberté, des syndicats et maintenant, des groupes communautaires. Il semble que ce soit le modus operandi de la CAQ: régner sans écouter les expert-e-s, tel qu’il l’a fait également pour la hausse de la norme du nickel dans l’air ou pour le 3e lien… 

Naélie Bouchard-Sylvain

Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches

Daniel Poulin

Alter Justice

Mélissa Cribb

Centre ressources pour femmes de Beauport 

Diane Perron

POUR NOURRIR LE FUTUR- Projet ‘’Chocs’’

Frédérique Sénéchal

Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec (ROSE du Nord)

Selma Lavoie

Action Chômage de Québec 

Mario Gagnon

Point de repères

William Demers 

ADDS-QM

Laurence Bolduc 

Corporation Jeunesse l’Évasion l’Ormière

Frédéric Côté et Mégane Bourgeois

Clinique Droit de cité

Chloé Proulx

CEVES et Clinique Droit de cité

Émile Painchaud

Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES)

Olivier Coulombe

Craque-Bitume

Dominique Podvin, Linda Morissette

Centre Femmes de Portneuf

Iris Taquet-Mailloux

La Maison des Femmes de Québec

Émilie Rochefort

La Maison des Femmes de Québec

Maryse Martel

La Maison des Femmes de Québec

Share