Soulignons d’entrée de jeu qu’un retour vers une fiscalité plus progressive est une revendication quasi-historique du mouvement social et communautaire. De toutes les façons de financer nos services publics et nos programmes sociaux, c’est sans contredit un système d’impôt progressif sur le revenu qui sert le mieux la cause d’une plus grande égalité économique.
C’est d’ailleurs pourquoi nous nous sommes farouchement opposées à la hausse des frais de scolarité et à l’instauration de la taxe santé, deux mesures qui ne prenaient pas ou peu en considération la capacité de payer des gens. En choisissant d’agir dans ces deux dossiers prioritaires et en restaurant une partie de la progressivité de notre système d’imposition sur le revenu le gouvernement de Pauline Marois fait un choix courageux au risque de se mettre la haute classe économique à dos. Malheureusement c’est ce qui arriva et au moment d’écrire ces lignes, le Ministre des finances ouvre déjà la porte à des assouplissements de ces mesures qui pour nous semble aller dans le sens d’une plus grande justice sociale.
Les annonces gouvernementales
Rappelons que le gouvernement vient tout juste d’annoncer l’abolition de la contribution santé de 200$ par année par adulte dès 2012. Cette mesure rapportant un milliard par année au trésor québécois, il a bien fallu qu’il annonce ses intentions afin de financer cette mesure. C’est donc dans cette optique, qu’il annonçait quelques jours plus tard l’ajout de 2 paliers d’imposition à 130 000$ (de 24% à 28%) et à 250 000$ (de 24 à 31%).
Soulignons premièrement que pour neuf contribuables sur dix, soit ceux et celles qui gagnent moins de 130 000$ par année, l’abolition de la taxe santé représentent un gain direct de 200$ par année. Les hausses d’impôt annoncées n’affecteront ainsi que les plus riches soit 3,1 % des contribuables.
Il faut aussi rappeler que la hausse ne s’appliquerait que sur la part de revenu qui dépasse 130 000 $ par année. Par exemple un contribuable qui déclare 150 000 $ devra payer 4% de plus sur la part de son revenu qui dépasse 130 000$ soit 800$ par année. Ainsi pour les contribuables ont des revenus entre 130 000 $ et 140 000 $ ces mesures n’auront que très peu d’effets. Ce ne sont en réalité que les contribuables à très haut revenu qui devront assumer la plus grande partie de cette hausse.
La misère des riches
Ce sont pourtant ces mêmes contribuables qui ont été les plus grands gagnants des réductions d’impôt accordées au cours des dix dernières années. En 2007-2008 par exemple, les contribuables gagnant 150 000 $ ont bénéficié d’une réduction d’impôt récurrente de 1 859 $ par année. 1
Nous souhaitons vivement que l’opposition réfléchisse à deux fois avant de bloquer ses mesures qui favorisent une plus grande égalité économique dans notre société. Après s’être fait servir ad nauseam l’argument de la juste part, il est ironique que ce soit aujourd’hui les riches et leur laquais qui crient à l’injustice.
1- D’où vient la crise des finances publiques, mars 2008, IRIS