Que sera 2014 ?

Une nouvelle année commence, mais manifestement elle ne sera pas marquée par un renouveau des politiques économiques gouvernementales. Bien que les critiques soient de plus en plus nombreuses envers les politiques d’austérités budgétaires, elles semblent toujours être l’horizon politique et économique privilégier par nos gouvernements et de la majorité de nos élu-e-s. Afin de repartir nos luttes du bon pied, prenons un moment pour dresser un aperçu de ce qui nous attend en 2014.

Encore et toujours la tarification des services publics

Tarif d’électricité – On a bien du pain sur la planche en 2014. Le dégel du tarif patrimonial d’électricité qui s’applique depuis le 1er janvier 2014 contribuera à faire grimper le prix de ce service essentiel. En 2014, c’est une hausse de 5,8% qui nous pend au bout du nez. Soulignons qu’avec la loi 25, adopté en juin 2013, le gouvernement a considérablement restreint les pouvoirs de contrôle de la Régie de l’énergie.

Transport en commun – Comme presque chaque année, le prix du transport en commun augmentera. À Québec, le RTC augmentera ses tarifs de 2,5 %. Pourtant, c’est en 2014 que la municipalité de Sainte-Julie a été la première au Québec à rendre le transport en commun gratuit pour toutes et tous.

Taxe santé – Avec 2014 qui commence, on doit également s’attendre à l’entrée en vigueur de la nouvelle mouture de la taxe santé. Précisons que pour certain-e-s ce sera une bonne nouvelle, car avec la modulation selon le revenu, ils et elles paieront moins que l’an dernier. Rappelons tout de même qu’il y a deux ans cette taxe n’existait pas et que son entrée en vigueur est un pas de plus vers la clientélisation et la marchandisation de nos soins de santé.

Frais de scolarité – La lutte étudiante de 2012 semble loin derrière nous alors que l’indexation des frais de scolarité continuera en 2014. Même s’il s’agit d’un dossier clos pour une grande partie de la population, il faut garder en tête que l’indexation annuelle des frais de scolarité et des frais afférents minera année après année l’accessibilité études universitaires. Cela prendra malheureusement quelques années avant de voir les résultats désastreux d’une telle réforme.

Poste Canada – En plus d’annoncer le retrait progressif de la distribution porte-à-porte, Poste Canada annonçait en décembre que le prix des timbres passerait de 0,63$ à 1 $ à partir du 31 mars 2014, une augmentation de près de 50%. Ces changements auront des conséquences importantes pour plusieurs catégories de personnes qui sont déjà défavorisées par le système comme les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite ou encore celles qui n’ont pas accès aux services en ligne.

Dégradation des programmes sociaux

Aide sociale – L’augmentation mensuelle de 20$ des prestations d’aide sociale annoncée en grande pompe par le gouvernement donne une fausse impression de la situation. D’abord, cette hausse bien insuffisante ne s’appliquera qu’à une toute petite partie des personnes qui survivent grâce à l’aide sociale. Pour celles et ceux qui en bénéficieront, cette augmentation ne suffira probablement pas à couvrir les hausses des prix des aliments, de l’électricité et du transport en commun. Pour l’ensemble des personnes à l’aide sociale, 2014 sera une année de plus à choisir entre manger ou chauffer son logement.

Réforme de l’assurance emploi

Malgré le gigantesque tollé populaire contre les impacts de sa réforme, le gouvernement fédéral n’a pas reculé d’un pouce. Rappelons que la réforme aura pour effet d’instaurer des catégories de prestataires ouvrant ainsi la porte à la classification entre bons et mauvais prestataires. Les travailleurs et travailleuses sans emploi seront forcé-e-s d’accepter des emplois moins rémunérés et se trouvant jusqu’à 100 km de leur résidence. Les effets dévastateurs de la réforme de l’assurance-emploi se feront davantage sentir en 2014 et dans les années à venir. Plusieurs régions dont la grande majorité des emplois sont saisonniers pourraient ainsi être délaissées par les travailleurs et les travailleuses forcé-e-s de s’exiler pour trouver un emploi.

Des reculs un peu partout

Protection de l’environnement – Destruction de recherches scientifiques, mises à pied, fermetures de centres de recherches, assouplissement des lois environnementales, on assiste depuis quelques années à d’importants reculs sur le plan de la protection de l’environnement. L’année 2014 sera sans aucun doute marquée par la question de l’utilisation et du transport du pétrole.

Transport ferroviaire – On se rappellera longtemps des événements tragiques de Lac Mégantic qui ont levé le voile sur des pratiques de transport du pétrole qui mettent nos vies et notre environnement en danger pour le plus grand profit des pétrolières.

Oléoduc – Le projet d’oléoduc d’Enbridge retiendra également l’attention. Après le gouvernement fédéral, c’est au tour du gouvernement québécois de se prononcer sur ce projet qui pourrait mettre les nappes phréatiques et l’écosystème québécois en péril. Rappelons que le réseau d’oléoduc dont on projette d’inverser le flux provoque des fuites de plusieurs milliers de barils de pétrole par année sur tout le territoire canadien.

Le fédéral en guerre contre les syndicats – Après les groupes de femmes, les organisations de coopération internationale et les groupes environnementaux, le gouvernement fédéral sonne la charge contre les organisations syndicales. Avec les récents projets de loi C-525, C-377 et C-4, le gouvernement fédéral s’attaque non seulement aux capacités organisationnelles et financières des syndicats, mais il cherche à les faire taire. Les grandes centrales syndicales ont d’ailleurs commencé l’année en appelant à une grande mobilisation contre le gouvernement fédéral.

Le droit de manifester – Règlements municipaux, injonctions et lois spéciales semblent être devenus les armes préférées de nos élites afin de casser les mouvements de contestation. Plusieurs procès importants verront leur dénouement en 2014 notamment pour les milliers de personnes arrêtées en vertu de l’article 500.1 du code de la sécurité routière pendant le printemps 2012. Dans un contexte social où les luttes populaires s’organisent, la défense du droit de manifester est un enjeu incontournable.

2014 : Stagnation politique ou mouvement social ?

Cela fait déjà quelques décennies que les politiques néolibérales provoquent des reculs sociaux, économiques et environnementaux importants. Il ne faut pourtant pas se décourager, bien au contraire, car les efforts de construction d’un mouvement capable de s’opposer aux politiques néolibérales ont également porté des fruits dans les dernières années. Devant les attaques contre nos acquis sociaux, économiques et environnementaux, des mouvements d’opposition se sont organisés et ont remporté plusieurs batailles. Il n’y a pas si longtemps le Québec a connu la plus grande mobilisation de son histoire. C’est sur la solidarité entre ces divers mouvements de contestation qu’il faudra compter pour de remporter des victoires plus importantes. En 2014, il faut se donner l’espace possible pour créer un mouvement capable de s’opposer aux caprices des élites financières.

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