Sortons de la crise ensemble, en santé et en sécurité

Québec, 1er mai 2021. – « La crise que nous traversons n’est pas seulement sanitaire, elle est également sociale, économique et environnementale. La Journée internationale des travailleuses et des travailleurs doit être l’occasion de revendiquer des mesures pour que l’on puisse sortir de la crise ensemble, en santé et en sécurité, » ont déclaré les porte-paroles d’une coalition d’organisations communautaires, syndicales et étudiantes qui organisait cette année la manifestation régionale du 1er mai.

Les manifestant-es, réunis à compter de 13 h à la Gare du Palais, ont entrepris à 13 h 30 une marche dans le quartier Saint-Roch qui les a mené devant plusieurs lieux symboliques propres à revendiquer l’amélioration de notre filet de sécurité sociale. Plus spécifiquement, la manifestation revendiquait une réforme de l’assurance-emploi, des modifications majeures au projet de loi 59 (SST), actuellement piloté par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, et un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale.

Pour une réforme de l’assurance-chômage

S’il y a une chose que la crise sanitaire a illustrée de façon éclatante, c’est que le régime d’assurance-emploi était dysfonctionnel. Tellement que le gouvernement fédéral a choisi de créer un programme de toutes pièces afin de permettre aux travailleuses et aux travailleurs ayant perdu leur emploi à cause de la pandémie d’obtenir une aide. « Normalement, seulement 40 % des travailleurs et des travailleuses ont droit à des prestations d’assurance-chômage en cas de perte d’emploi, » rappelle Héloïse Varin, coordonnatrice d’Action Chômage de Québec; « et quand ils et elles arrivent à se qualifier, la couverture est, le plus souvent, bien insuffisante. » La coalition revendique donc que les changements temporaires apportés à l’assurance-chômage deviennent permanents afin que toutes les travailleuses et tous les travailleurs soient protégés adéquatement en cas de perte d’emploi.

Contre les reculs en santé et sécurité au travail

L’Assemblée nationale étudie actuellement le projet de loi 59 qui vise à « moderniser » le régime québécois de santé et sécurité au travail. Déposé en octobre dernier par Jean Boulet, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, le projet a été critiqué de toutes parts par les syndicats, les groupes communautaires et les spécialistes du domaine. « Au lieu de s’inspirer de ce qui fonctionne bien et de l’étendre à tous les secteurs de l’économie, le projet de loi 59 impose des reculs inacceptables en matière de prévention qui dépendra dorénavant du bon vouloir des employeurs, » dénonce Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « De plus, alors que les travailleuses et travailleurs victimes d’un accident de travail doivent déjà affronter un mur de contestations de la part des employeurs et de la CNESST, le projet de loi viendrait réduire davantage l’accessibilité. » Le ministre a même osé chiffrer les économies qu’il entend faire sur le dos des personnes accidentées ou malades du travail : 4,3 milliards de dollars de façon cumulative. « Ce projet de loi constitue un recul historique pour l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du Québec et ne ressemble en rien à une ‘’ modernisation ‘’, » dit Ann Gingras. « Le ministre doit refaire ses devoirs en mettant les travailleuses et les travailleurs au centre de ses préoccupations. Il est grand temps de se donner les outils et les moyens nécessaires pour vraiment rendre l’ensemble des milieux de travail sains et sécuritaires! »

Pour un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale

Malgré une crise sanitaire sans précédent, le gouvernement du Québec a fait le strict minimum pour les personnes en situation de pauvreté. « Au Québec, une personne sur dix n’arrive pas à couvrir ses besoins essentiels, » rappelle Roxane Blanchet, militante salariée à l’Association de Défense des Droits Sociaux (ADDS) de la Rive-Sud. Cette situation, en plus d’être intolérable sur le plan humain, ne présente pas d’économie réelle pour l’État, au contraire… « En maintenant des dizaines de milliers de Québécois et de Québécoises sous le seuil de pauvreté, ce sont nos services de santé et de sécurité sociale qui débordent et qui n’arrivent plus à répondre aux demandes d’aide des personnes de plus en plus vulnérables, » dit-elle. Pour les travailleurs et travailleuses qui se retrouvent à l’aide sociale, la situation devient plus souvent qu’autrement un piège dans lequel on s’enfonce plutôt qu’un tremplin pour rebondir vers le marché du travail. Alors que la prestation de base à l’aide sociale couvre à peine 42 % des besoins essentiels, la coalition revendique un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale.

Éviter le pire

Les crises qui suivront la crise de la COVID-19 seront d’ordre économique et environnemental selon la coalition. Elles ne pourront pas être réglées par un vaccin et bouleverseront davantage nos conditions de vie. « En période de crise, ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont touchées de plein fouet. C’est maintenant qu’il faut rebâtir notre filet social afin d’empêcher quiconque de basculer dans la pauvreté! » ont conclu les trois porte-paroles.

À propos

La manifestation régionale du 1er mai est organisée par une coalition de groupes dont Action Chômage de Québec, l’ADDS Rive-Sud, la CEVÈS, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), le ROC 03 et le RÉPAC 03-12.

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