Québec, le 21 novembre 2020 – À l’invitation des groupes communautaires, environnementaux, syndicaux, féministes et étudiants, des centaines de personnes participent à une zone rouge pour le climat et la justice sociale la Place d’Youville. Les participant-e-s ont été invité-e-s à porter du rouge afin d’illustrer que la crise climatique exige des actions aussi fortes que celle mise en place pour endiguer la crise sanitaire. Les groupes sociaux exigent l’abandon des projets à très grande émission de gaz à effet de serre et un réinvestissement majeur et durable afin de renforcer le filet social.
Un Plan vert qui manque de mordant et de sérieux
Le dépôt du Plan pour une économie verte (PEV) laisse un goût amer. Alors qu’au plus fort de la pandémie de la COVID-19, le gouvernement nous répétait l’importance de se serrer les coudes, d’écouter la science et de prendre des mesures pour protéger les plus vulnérables, force est de constater qu’il n’applique pas ces principes lorsque vient le temps de prendre des décisions pour l’avenir.
« Le Plan pour une économie verte n’a vraiment rien de rassurant, en fait c’est carrément un aveu du gouvernement Legault, qu’il n’a pas l’intention que le Québec atteigne ses objectifs de réduction de GES. Le Plan a été édulcoré par le bureau du premier ministre pour réduire les cibles de réduction des émissions de GES. Il a du même coup retiré toutes les mesures de coercitions qui auraient permis de forcer l’industrie à réduire son empreinte écologique. Alors qu’il l’a reconnu devant l’Assemblée nationale, le gouvernement Legault démontre qu’il ne prend pas la crise écologique au sérieux », s’insurge Amélie Belzile des AmiEs de la Terre.
«D’un côté, le gouvernement Legault dit vouloir atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris et de l’autre côté, il continue d’appuyer les projets à fortes émissions de GES qui sont aussi très dommageables pour la santé humaine et la faune. S’il veut dissiper les doutes quand au sérieux du gouvernement face aux changements climatiques, le gouvernement doit dès maintenant se dissocier et refuser d’investir des fonds publics dans les projets à très grands impacts écologiques comme GNL Québec et Laurentia » renchérit Anaïs Gousse de la Coalition pour un virage environnemental et social.
« Le projet d’agrandissement portuaire Laurentia apportera des effets négatifs importants sur la qualité de l’air et la santé des gens de Limoilou-Beauport alors que les profits et avantages iront aux multinationales maritimes opérant dans les paradis fiscaux » dénonce Daniel Guay de la Table citoyenne du littoral Est.
Réparer le filet social
Les groupes dénoncent également l’inaction du gouvernement Legault qui ne semble pas pressé d’investir massivement dans les services publics (santé, éducation, services sociaux). En effet dans sa mise à jour économique le gouvernement n’en avait que pour la relance de l’économie et le retour à l’équilibre budgétaire. « C’est encore et toujours la même rengaine. Legault gouverne à court terme, comme un gestionnaire d’entreprise. Or les personnes qui ont le plus souffert de la crise, dont une très grande majorité femmes, ne bénéficieront pas du plan de relance. Il est temps de faire des choix différents. De prioriser le bien commun, la solidarité sociale, la protection de l’environnement. » revendique Anne-Valérie Lemieux Breton du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale.
Il y a de quoi s’inquiéter alors que la mise à jour économique prévoit un retour à l’équilibre budgétaire d’ici 5 ans, et ce malgré l’énorme déficit de 15 milliards de dollars. « C’est irresponsable de prétendre qu’on ne va pas réduire les services et de promettre qu’il n’y aura aucune hausse des impôts et des taxes. Alors que la pandémie a précarisé les revenus et la santé de plusieurs personnes, les grandes entreprises multinationales ont continué de s’enrichir et plusieurs d’entre elles ont fait des profits records. On invite Legault à changer de perspectives: les routes et le béton, ce n’est pas la seule solution pour appuyer la relance économique. L’État peut participer à relancer l’économie en réinvestissant dans les services publics, les programmes sociaux et l’Action communautaire. Ces sommes retournent directement dans l’économie, contrairement aux milliards accordés aux industries polluantes qui aboutissent trop souvent dans les paradis fiscaux. » rapporte Vania Wright-Larin du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.
Pour une transition juste, féministe, inclusive et verte
Les groupes communautaires, environnementaux, syndicaux, féministes et étudiants rassemblés aujourd’hui unissent leur voix pour réclamer une transition juste, féministe, inclusive et verte. « Si nous sommes rassemblés aujourd’hui, c’est parce que l’inaction et l’incohérence du gouvernement Legault nous conduisent en zone rouge que ce soit au niveau du climat et de la justice sociale. En septembre 2019, nous étions des centaines de milliers de personnes dans les rues. Aujourd’hui, on veut dire au gouvernement qu’il est grand temps de passer de la parole aux actes, de réinvestir dans le filet social et de miser sur des projets qui allient la protection de l’environnement et la justice sociale tel que le réseau de transport structurant proposé par la Ville de Québec. C’est le premier pas vers une transition juste, féministe, inclusive et verte. » conclut Vania Wright-Larin